Claude Aslan
Claude Aslan
Né à Paris le 23 Octobre 1932.
Retiré à Rambouillet depuis cinq ans.
Auteur de poésie contemporaine,de nouvelles,de contes et d'articles
(critique littéraire).
Conférencier international " Poésie post-moderne et médias ".
Ancien collaborateur du cabinet ministériel d'André Malraux.
Conseiller-délégué à la mairie de Rambouillet.
Directeur de la Revue " Europoésie ".
Président de l'association littéraire " Rencontres Européennes "
Collaborateur régulier à 16 revues poétiques et littéraires.
Organisateur de spectacles poético-musicaux.
Grand voyageur.
6 recueils,très nombreuses anthologies,lauréat de divers concours de poésie.
Claude Aslan est membre de la Société des Poètes Français.
Une Saveur aux Confins des Masques
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Parole balbutiée,ce vent mauvais sur la pierre blessée
dans les clameurs de mes doigts d'aveugle
femme ! à contre-mer,à contre-jour,à contre-vie
ce corps fondu d'une seule coulée,
torsade de rouge prune
feuillage mortel,
cette chair d'ombres étranges,
terre,terre inconnue aux contrées fugitives
perlées d'âcreté
Ô visage pluriel dans ce livre du voyage vertigineux
femme ! à double-fil,à doux-amer,à double-sens
ce corps d'abondance aux mille mers
brûlées d'aurores
introduire une sève brune,l'infime delta doré,angoisse
l'image du fruit éclaté,pourri,rongé,
morte racine
avec ce regard d'aveugle,
ce regard gelé pour rayer le songe
du verre de la peau offerte
triomphale marée.
il y a une danse,une danse roumaine
je crois,
ces femmes en robes rouges et noires
je crois,
et cette musique si belle,des violons
je crois,
il y a des roses d'hiver de Roumanie
je crois,
Rumeur,plainte hallucinée au fond des sépultures
avec ce coeur d'aveugle polir ces courbes succulentes
femme ! à contre-fruit,à contre-vin,à contre-miroir
nuit diurne,
à cette sombre vigne des lèvres médusées jusqu'aux os,
immerger les masques de violence à mordre le signe,
le signe du chant alluvial,indéfinissable .
il y a une danse,une danse roumaine
je sais
ces femmes dansent autour des tombes
je sais
là-bas,au loin,en Roumanie.
Valdaya
Nous avons vieilli comme un poids désormais inutile
au fond du Temps,
une odeur de brûlé...
ce cahier bleu pages frissonnées,
manteau sur nos grandes douleurs.
Nous garderons le froid secret des instants source
en serrant nos lèvres bleuies,
chrysanthème d'infamie sur nos yeux,
une brume embaumée de l'odeur d'encens
dans un silence tout brodé
seule la voix du vent avec des langues étrangères
au goût de miel sauvage ta bouche...
Valdaya...la violette...l'amour...
la pomme...au fond le pommier rouge éclaté...
le sang
verger éparpillé dans le creux du vieux chapeau gris
la lumière des chandelles posées là,
tremblante blancheur
seul le sang a l'odeur du sang !...notre maison...
le jasmin...
Ô ! Valdaya ! nous étions en Pologne !...
peut-on laisser des pages blanches pour nous juger
à l'aube nous nous embrasserons...
Un doux feu de bois de rose...
tes lèvres sèches...en cet instant lune
vin dormant,rencontre rare
sous l'or léger des cils
le chant des vêpres,
tu n'aimais pas ce thé trop fumé
enterre-moi ! enterre-moi ! Ô mémoire sommeil !
le lait caillé,nocturne apaisé ivre de vin lourd
tant de joies en ce corps ceint de voiles peints...
Ô ! Valdaya ! nous étions à Parme !...
théâtre final du destin...ce fruit déjà renaissant
s'incliner tristesse glorieuse...et danser ! danser !
l'héliotrope...
J'ai mis une jupe bleue...cahier bleu...pour danser
miroir de l'accordéon,ressac glacé,s'écouler l'archet
dans l'adagio tu es entré en notre maison
jonchée de feuilles pourries et tu as dansé,dansé !
dans la chambre aux murs de marbre...
Ô ! Valdaya ! nous étions en Russie !...
ton cri d'amour au parvis des centaines d'églises blanches
quelques gouttes de poussière...quelques chants encore...
quelques chants
Divins...
Au chevet du Silence : séquence 2
un seul figuier,un seul fruit,décor misérable
Ce n'était qu'un endroit masqué...
un endroit de débris
un regard sans lumière,un regard fané,
cela était ici...
odeur de fièvre en ce verre embué de poussière
cet état étrange aux contours indécis...
cette fuite
Oui ! cette terre éventrée jusqu'à l'os...
craie...poudre ce sol,
sous sa jupe un buisson de raisin blanc
ce silence sanglot...
innombrables ces chants de femmes,
ces chants poignants arrachés au sommeil
ces chants de femmes arméniennes...peut-être...
O Dieu ! pourquoi n'être pas ailleurs...
Oui ! c'était bien ici,cette rocaille devenue chaux
cette poésie...
un banc...comme un adieu au crépuscule...
et cette tombe...éraflure de lune
dont la brillance fouette les ossements...
cette tombe...comme une empreinte roussie...
Hannah Petroviana...
une date rivée là...94...
cette maison déserte telle une noire fumée...
un seul figuier,un seul fruit
décor misérable
fruit veuf en sa robe de dentelles,
une goutte d'eau noire
un instant d'enfant au visage blême,
cette chaise du café enlevée la nuit...
ces chuchotements,
ces gémissements de loin en loin...
l'Arménie...l'Arménie...peut-être...
comme un destin soudain mauvais
O Dieu ! pourquoi n'être pas ailleurs...
déposer l'offrande,
cette figue désséchée,
cette bague comme un clou...
une langue oubliée...
ce frémissement de la main.
visage trop nu...
ce nom...Hannah Petroviana...
aimer le mensonge de ce passé chimérique...
si loin...
Je lui ai demandé si...
Ce fleuve..la Moskova..ou la Néva..ces cris ! Dieu ! ce vieux sofa rouge..rouge..
schizophrénique sans vergogne bretzels au poivre,gâteaux aux noisettes prodigi-
eux miroir,les cheveux en sang,encore un verre. " Chère,très chère Lou Salomé,
à nouveau la cinquième de Malher..ce phonographe sous ces dentelles.."ivresse
du lilas,toutes ces lettres sur la commode,mes doigts frôlèrent la noire chevelure
de ma visiteuse une fille grande et maigre venait d'entrer au café,portant un man-
teau gris,au café Schwarzenberg toujours.Encore un verre Maximilian...un verre
de cristal.." Il fait froid Konstanzinia ! remettez des boulets et donnez-moi une
autre carafe ".
" Monsieur l'Ambassadeur désire -t'-il la carafe de ratafia ou celle de laurier-ceri-
se..."
" Ratafia bien sûr " Trop beaux trop beaux ses seins de lune.Krysalia ! Ô ma sa-
gesse,ne plus songer à cette nuque...ne plus songer à cette fille blanche aux ju-
pons jasminés.Je ne sais comment fouetter mes veines,clown,et trois mazurkas
Polonaises..Zogrodich nue allait chanter pour moi pour l'Ambassadeur devenu
vieux,vieux et gris.Encore un verre,encore un verre trop fin..Kourkoursky brû-
ler cette icône..et aller marcher au plus vite..
" Konstanzinia ! mes gants et ma canne ! "
"Monsieur l'Ambassadeur passera-t-il par le quartier des prostituées.J'allumerai
dix cierges.."
Bouteilles poussiéreuses tellement érotiques,vieux piano.Improvisation au piano..
Dimitri pour le thé..Déjà..Avec ses yeux d'eau glacée,cette femme mouchetée de taches
de rousseur sur la poitrine,elle voulait jouer mes valses,elle a souri,je lui ai demandé si,
elle a dit non,absolument non,j'ai ri et suis parti..Contraindre à cette sagesse ! L'Ambas-
sadeur en poste au sud d'Alep avait noté sur son carnet jaune,ces mots,ces mots là.
" Il fait toujours froid ici Konstanzinia ! donnez-moi la carafe de ratafia,remettez les
boulets,et fermez les volets "
"Monsieur l'Ambassadeur..avec ou sans mon chapeau noir.." un tel opaque silence..
l'odeur du tabac cru...
..
Poème aimablement communiqué par l'auteur à Silvaine Arabo
Tuesday, October 2, 2007
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